Journée d’initiation à la recherche
La Dette
Double licence économie / philosophie
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et Université de Lorraine
8 février 2025
La dette peut être conçue comme un échange entre biens présents et futurs. Le signe du taux d’intérêt résulte alors de l’écart entre offres et demandes de biens futurs ; il peut être négatif si la demande de biens futurs excède leur offre pour un taux nul, parce que chacun redoute une raréfaction des biens dans l’avenir. Remettre en cause la dette ou réduire son montant contredirait alors les règles de l’échange volontaire et du droit de propriété.
A l’inverse, la dette peut être comprise comme l’expression d’un rapport de force dont elle est à la fois la conséquence et la condition de la permanence. Comme le salariat, l’endettement résulte alors d’une accumulation primitive dont l’inégalité a pour origine la spoliation. Comme le salariat, elle perpétue cette spoliation en privant les producteurs d’une partie de leur produit, à travers un taux d’intérêt nécessairement positif. Sa remise en cause trouve sa légitimité dans l’énoncé de ses conditions d’apparition : s’acquitter d’une dette odieuse ne va pas de soi.
Quand la première conception fait de la dette une relation entre égaux, dont le règlement laisse chacun quitte, la seconde la comprend comme l’indice d’une domination, et le moyen de sa perpétuation.
L’analyse théorique, qu’elle soit philosophique ou économique, de la notion de dette, complétée par l’examen des conditions historiques de son apparition, est un préalable nécessaire à l’examen des questions suivantes : peut-on et doit-on s’acquitter de toute dette ? Qu’en est-il lorsque le paiement de la dette, aux conditions librement négociées ou autoritairement imposées, entrave le développement du débiteur ? Les dommages passés doivent-ils être considérés comme une dette informelle dont les descendants des auteurs devraient s’acquitter ? Quelles relations entre générations sont impliquées par l’existence des dettes ?
Après une analyse économique et philosophique de la notion de dette, une illustration sera proposée à travers l’examen de la dette de l’indépendance haïtienne.
Programme
10h-11h – La dette : approches philosophique et économique.
Présidence : Claire Pignol
Paul Clavier, philosophe, Université de Lorraine, Laboratoire d'Histoire et de Philosophie des Sciences - Archives Henri Poincaré.
Jézabel Couppey-Soubeyran, économiste, Centre d'Economie de la Sorbonne, Université Paris 1.
11h-11h20 – Pause-café
11h20-12h30 – Discussion générale.
Présidence : Anna C. Zielinska
12h30-14h – Déjeuner
14h-15h – La dette haïtienne.
Présidence : Magali Bessone
Denis Cogneau, économiste, Paris School of Economics.
Jean-Marie Théodat, géographe, Pôle de recherche pour l'organisation et la diffusion de l'information géographique, Université Paris 1.
15h00-15h20 – Pause-café
15h20-16h30 – Discussion générale.
Présidence : Samuel Ferey
Lieu: Maison des Sciences Économiques
106-112 boulevard de l’Hôpital
Salle du 6e étage (Carte d’étudiant ou carte professionnelle indispensable)
Cette journée est organisée par PHARE et soutenue par l’Université de Lorraine, l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et l’Institut Universitaire de France