Séminaire de psychologie politique: Elodie Boissard sur le climat affectif et obéissance à l’autorité

Lundi 20 janvier 2025 (Jour entier) - Lundi 17 février 2025 (Jour entier)

Nous vous invitons à une séance du séminaire pluridisciplinaire organisé par
– Archives Henri Poincaré - Philosophie et Recherches sur les Sciences et les Technologies
– laboratoire INTERPSY
– Laboratoire Lorrain de Psychologie et Neurosciences de la dynamique des comportements (2LPN)
– Institut François Gény

Séminaire : Psychologie politique – entre philosophie et passions (P4)

/Political psychology:
between passions and philosophy (P4)
Monthly seminar at the Lorraine University, Nancy, France/

Elodie Boissard

Université Jean Moulin Lyon 3

« Climat affectif, sensibilité aux raisons et obéissance à l’autorité »

Lundi 17 février 2025, à 18h30, sur Zoom uniquement.

Pour recevoir le lien zoom, enregistrez-vous ici: https://forms.gle/zstkjUvKH8D5wbrM9
Pour visionner les enregistrements de séances précédentes : youtube 

Auteure
Elodie Boissard a soutenu en 2023 une thèse intitulée "Concevoir l'humeur dépressive pour comprendre la dépression : psychiatrie et philosophie des états affectifs" (Paris I Panthéon Sorbonne). Elle enseigne aujourd'hui à l'université Lyon 3 Jean Moulin.

Elle a récemment publié l'article "Le climat affectif dans le dispositif de Milgram" dans le volume codirigé par Raphaël Kunstler, Pascal Ludwig et Anna C. Zielinska : un numéro spécial de la revue Philosophia Scientiae, Revisiting Stanley Milgram’s Experiment. What Lessons Can We Learn from It Today? (2024, à lire en ligne: https://journals.openedition.org/philosophiascientiae/4315)

Resumé
Le climat affectif, c’est-à-dire l’ambiance ou l’atmosphère, est un phénomène intersubjectif qui correspond à la tonalité d’une situation (Bégout, 2020). Si l’on s’y intéresse sous l’angle de la psychologie individuelle, il se traduit par l’humeur, un état affectif diffus, dont l’objet intentionnel est général ou indéterminé. Pour autant, cet état psychologique possède une influence envahissante voire omniprésente sur les états et processus mentaux et les actions. Induire un certain climat affectif au sein d’un groupe ou d’une foule et ainsi une certaine humeur chez les individus, c’est dès lors donner une certaine orientation à leur activité mentale et à leur conduite. Les moyens employés pour le faire à grande échelle, de la musique diffusée dans les rassemblements officiels d’un régime, aux drogues distribuées dans les rangs de son armée, sont dès lors autant de moyens de manipuler ces individus par le truchement d’un climat affectif qui détermine leurs pensées et leurs actions sous l’apparence de la spontanéité.

Mais comment caractériser la façon dont l’humeur modifie mentalement et comportementalement un individu ? Cette présentation soutiendra que l’humeur modifie la sensibilité aux raisons, notamment morales, en agissant sur les croyances et les désirs, qui prennent en compte ces raisons. Plus précisément, on peut distinguer des types d’humeur suivant des ensembles de raisons mises au premier plan, via certains ensembles de croyances et de désirs. J’illustrerai cette analyse en l’appliquant à l’expérience de Milgram sur l’obéissance à l’autorité (Milgram, 1974), phénomène qui fut présenté comme un fait de la psychologie humaine pouvant expliquer en partie les crimes à grande échelle commis dans les régimes fascistes du XX° siècle. Je montrerai que le climat affectif peut jouer un rôle explicatif de la conduite d’obéissance de l’individu dans ce dispositif expérimental, et peut-être dans les situations historiques réelles qu’il mime, en le rendant insensible à certaines raisons morales de désobéir, pour faire primer des raisons sociales d’obéir à l’autorité, via les effets de l’humeur sur ses croyances et ses désirs (Boissard, 2024).


PROGRAMME 2023-2025

Depuis la publication de The Mass Psychology of Fascism en 1933 (Wilhelm Reich), et de Le viol des foules par la propagande politique en 1939 (Sergei Chakhotin), la seduction par le fascisme est devenu un problème philosophique qui requiert par son essence une approche dépassant l’approche monodisciplinaire.

En incluant un retour sur la critique de Gustav Le Bon par Freud, en passant par le “freudo-marxisme” de l’école de Francfort (où la pensée fasciste a été analysée notamment par T. Adorno ou E. Fromm), mais aussi par les recherches en psychologie sociale dans la tradition cognitiviste associée aux travaux de Stanley Milgram, nous aimerions cette année explorer les différentes analyses de la pensée totalitaire, ou de la psychologie de groupes tout simplement, dans la mesure où les recherches sur ces deux champs semblent sont souvent marquées par la stupéfaction de chercheurs devant la différence entre la réflexion individuelle et collective. Nous allons à cette occasion relire aussi W. Lippmann, S. Ash ou G. Allport, pour évaluer leur pertinence face aux transformations contemporaines.

Il va de soi que les explications psychologiques risquent d’être stériles, voire trompeuses, si elles ne prennent pas en compte les facteurs sociaux inclus dans l’analyse. C’est cette complexité que nous tenterons d’examiner de façon critique avec différents intervenants. Nous leur poserons également la question de savoir lesquelles parmi ces approches historiques peuvent avoir encore de la pertinence aujourd’hui.

PRESENTATION DU SEMINAIRE

https://seminairep4.wordpress.com/

La psychologie politique est une discipline qui, dès ses origines, se conçoit comme pluridisciplinaire : ce projet propose donc la mise en place d’un séminaire interdisciplinaire et exploratoire autour des questions sollicitées par ce champ de recherche qui ne fait que commencer à se développer. La philosophie sociale, approche aujourd’hui dominante en philosophie politique en France, se concentre sur des aspects systémiques de la société qui déterminent en grande partie la psychologie des individus. Cette approche qui nous paraît structurante mérite à notre avis d’être complétée par une autre, plus intéressée par la psychologie individuelle, par la compréhension de sa complexité, éclairée par diverses théories (épistémologie, morale, théories politiques enfin), et par des facteurs personnels, influençant la réception des composantes théoriques.

Nous voudrions mettre en œuvre nos compétences croisées en philosophie, psychologie, droit et politique, pour explorer le champ – la psychologie politique – dont les évolutions contemporaines ne cessent de nous interroger.

Le séminaire est organisé sous les auspices de la Société française pour la philosophie et la théorie juridiques et politiques – SFPJ.

Organisation

  • Anna C. Zielinska, MFC au département de philosophie & chercheuse aux Archives Henri Poincaré – Philosophie et Recherches sur les Sciences et les Technologies
  • Vincent Berthet, MCF au département de psychologie et chercheur au Laboratoire Lorrain de Psychologie et Neurosciences de la dynamique des comportements (2LPN)
  • Romain Lebreuilly, MCF au département de psychologie & chercheur au laboratoire InterPsy.
  • En collaboration avec Frédéric Géa, professeur de droit & chercheur à l’Institut François Geny. 

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Date de l'événement: 
Lundi 17 février 2025 - 18:30
Salle: 
en ligne