Nous vous invitons à une séance du séminaire pluridisciplinaire organisé par
– Archives Henri Poincaré - Philosophie et Recherches sur les Sciences et les Technologies
– laboratoire INTERPSY
– Laboratoire Lorrain de Psychologie et Neurosciences de la dynamique des comportements (2LPN)
– Institut François Gény
Psychologie politique – entre philosophie et passions (P4)
https://seminairep4.wordpress.com/
Consultez les enregistrements du séminaire sur youtube.
Raphaël KUNSTLER
Université Toulouse - Jean Jaurès
laboratoire ERRAPHIS
À supposer que la psychologie sociale dise vrai, quelles leçons éthiques doit-on en tirer ?
Lundi 28 avril 2025, à 18h30, sur Zoom uniquement.
Pour recevoir le lien zoom, enregistrez-vous ici: https://forms.gle/zstkjUvKH8D5wbrM9
AUTEUR
Pour en savoir plus sur les travaux récents de Raphaël Künstler, consultez son site: https://raphaelkunstler.com/programme-de-recherche-2020-2025/
RESUME
Il existe plusieurs modalités de la collaboration entre philosophes et scientifiques. L’une des tâches des philosophes est de dégager quelles sont les conséquences normatives des théories scientifiques : conséquences politiques, éthiques, esthétiques ou encore méthodologiques. Le « réalisme psychologique scientifique » est la doctrine méthodologique selon laquelle les résultats de la psychologie sociale doivent être pris en compte par la philosophie morale. Or, selon son interprétation situationniste, la psychologie sociale prouve que, dans certaines situations — celles que simulent ses expérimentations —, nous sommes prêts à accomplir intentionnellement des actes dont nous pensons, à d’autres moments, qu’il ne faudrait jamais les accomplir ou que nous n’y accomplissons pas ce que nous estimons pourtant être de notre devoir d’accomplir ; que notre altruisme varie en fonction de notre humeur, laquelle varie à son tour en fonction d’événements dérisoires ; que nous sommes des confabulateurs concernant nos raisons d’agir. Il semble donc que le réalisme psychologique implique une forme d’éliminativisme à l’égard de la responsabilité morale, et donc un révisionnisme éthique radical à l’égard de nos pensées, conduites et institutions ordinaires.
À l’encontre de cet argument, John Doris — par ailleurs connu pour avoir critiqué au nom du situationnisme l’éthique de la vertu — a défendu une position qui pourrait être qualifiée de compatibiliste : la psychologie sociale n’implique pas l’éliminativisme. C’est cette position que développera cette présentation, et cela en trois temps : expositions du problème ; présentation de la solution de Doris ; critique de cette solution. En conclusion, je soutiendrai que, pour être viable, la solution de Doris au problème de l’irresponsabilité ne fonctionne pas sans mobiliser l’éthique de la vertu, à laquelle Doris s’oppose pourtant au nom du situationnisme.
La condition de possibilité de la responsabilité — responsabilité constitutive d’un Moi Responsable et psychologiquement Réaliste — est la capacité, dans une situation donnée, à repérer qu’il s’agit là d’une situation moralement dangereuse, à délibérer sur la meilleure attitude à y adopter, puis à avoir le courage de refuser la situation telle qu’elle a été définie : une forme d’éthique de la vertu, que pourtant Doris rejette, est requise.
PROGRAMME 2023-2025
Depuis la publication de The Mass Psychology of Fascism en 1933 (Wilhelm Reich), et de Le viol des foules par la propagande politique en 1939 (Sergei Chakhotin), la seduction par le fascisme est devenu un problème philosophique qui requiert par son essence une approche dépassant l’approche monodisciplinaire.
En incluant un retour sur la critique de Gustav Le Bon par Freud, en passant par le “freudo-marxisme” de l’école de Francfort (où la pensée fasciste a été analysée notamment par T. Adorno ou E. Fromm), mais aussi par les recherches en psychologie sociale dans la tradition cognitiviste associée aux travaux de Stanley Milgram, nous aimerions cette année explorer les différentes analyses de la pensée totalitaire, ou de la psychologie de groupes tout simplement, dans la mesure où les recherches sur ces deux champs semblent sont souvent marquées par la stupéfaction de chercheurs devant la différence entre la réflexion individuelle et collective. Nous allons à cette occasion relire aussi W. Lippmann, S. Ash ou G. Allport, pour évaluer leur pertinence face aux transformations contemporaines.
Il va de soi que les explications psychologiques risquent d’être stériles, voire trompeuses, si elles ne prennent pas en compte les facteurs sociaux inclus dans l’analyse. C’est cette complexité que nous tenterons d’examiner de façon critique avec différents intervenants. Nous leur poserons également la question de savoir lesquelles parmi ces approches historiques peuvent avoir encore de la pertinence aujourd’hui.
PRESENTATION DU SEMINAIRE
https://seminairep4.wordpress.com/
La psychologie politique est une discipline qui, dès ses origines, se conçoit comme pluridisciplinaire : ce projet propose donc la mise en place d’un séminaire interdisciplinaire et exploratoire autour des questions sollicitées par ce champ de recherche qui ne fait que commencer à se développer. La philosophie sociale, approche aujourd’hui dominante en philosophie politique en France, se concentre sur des aspects systémiques de la société qui déterminent en grande partie la psychologie des individus. Cette approche qui nous paraît structurante mérite à notre avis d’être complétée par une autre, plus intéressée par la psychologie individuelle, par la compréhension de sa complexité, éclairée par diverses théories (épistémologie, morale, théories politiques enfin), et par des facteurs personnels, influençant la réception des composantes théoriques.
Nous voudrions mettre en œuvre nos compétences croisées en philosophie, psychologie, droit et politique, pour explorer le champ – la psychologie politique – dont les évolutions contemporaines ne cessent de nous interroger.
Le séminaire est organisé sous les auspices de la Société française pour la philosophie et la théorie juridiques et politiques – SFPJ.
Organisation
- Anna C. Zielinska, MFC au département de philosophie & chercheuse aux Archives Henri Poincaré – Philosophie et Recherches sur les Sciences et les Technologies
- Vincent Berthet, MCF au département de psychologie et chercheur au Laboratoire Lorrain de Psychologie et Neurosciences de la dynamique des comportements (2LPN)
- Romain Lebreuilly, MCF au département de psychologie & chercheur au laboratoire InterPsy.
- En collaboration avec Frédéric Géa, professeur de droit & chercheur à l’Institut François Geny.